La pêche du Peacock Bass au Brésil
Où pêcher le Peacock Bass ?
Le peacock bass est sans doute le poisson d’eau douce, le plus convoité par les pêcheurs de carnassiers du monde entier. Il est connu pour sa beauté, sa force et sa vivacité, ce qui en fait un défi excitant pour les pêcheurs expérimentés et les débutants. La région de l’Amazonie offre les meilleurs endroits pour pêcher le peacock bass, avec des rivières et des lacs abondants en poissons. Les records du monde de l’espèce cichla temensis sont tous recensés dans cette partie brésilienne de l’Amazonie. Lucas Methner en octobre 2019 atteint (mais ce n’est pas le seul) les 90 cm sur le rio Uneuixi et plus près de nous en 2021 c’est Rodrigo Salles qui pêche, sur le rio Marié, un peacock bass de 91 cm validé par l’IGFA. Mais le record absolu a été homologué (toujours sur le rio Marié) par le brésilien Andrea Zaccherini avec un exemplaire capturé le 03/11-2010 mesurant 94 cm.
L’Amazonie abrite de nombreuses espèces de poissons qui peuvent être prises au lancer ou à la mouche. Le Peacock Bass ou Tucunaré est l’adversaire numéro un pour les pêcheurs, avec ses couleurs éclatantes et sa puissance phénoménale. Il vous faudra explorer les canaux, les bras morts et les bancs de sable pour trouver des poissons trophées dépassant les 80 cm. Car dorénavant il n’est plus question de parler de poissons dépassant la barre des 20 lbs, les brésiliens sont tous passés à la mesure des trophées plus qu’à leurs poids. Il convient maintenant de parler de la mesure étalon, le 80UP ! Le Tununaré de rêve dépasserait donc les 80 cm…certes, mais un Peacock de 60 cm est déjà exagérément puissant et un individu de 70 cm est un tracteur capable d’exploser la surface de l’eau lors de son attaque, puis vous emmener directement dans les branchages la seconde suivante.
De mai à la fin août, la majeure partie de la végétation riveraine des rios, est inondée pendant la saison des crues. Lorsque les eaux commencent à baisser, fin août, début septembre, le Peacock Bass revient dans les igarapés, les lacs et autres lagunes, offrant ainsi l’occasion de se lancer à la poursuite de ce prédateur tant convoité. Il regagne tout simplement ce que les brésiliens appellent la « caixa » (la boîte), autrement dit, le lit de la rivière.
Comment pêcher le Peacock Bass ?
Pêcher le peacock bass ne s’improvise pas, même si les techniques et les matériels requis se rapprochent de ceux utilisés pour le brochet. Vous trouverez un peu partout des informations et des conseils aussi différents, qu’il y a de pêcheurs pour en parler. Ma vision des techniques et matériels est plus « brésilienne » qu’européenne car j’ai eu la chance de pêcher avec des brésiliens passionnés par la traque des peacocks et également de pouvoir suivre les conseils avisés des guides ne parlant que le portugais. Pour commencer, il n’est que d’observer la puissance des cannes qu’ils utilisent pour comprendre que rien ne sert de pêcher avec des ensembles trop musclés. Ils doivent être résistants mais légers car c’est mathématique, plus vous lancerez de nombreuses fois et avec précision, plus vous enchainerez les touches et la probabilité de ferrer un big fish. Et à ce jeu là, il vaut mieux privilégier l’endurance à la puissance physique brute.
LES CANNES
- Pour les leurres à hélices, spinners ou autres swimbaits, une casting en 25lbs, Fast ou extra fast entre 1m80 et 2m10, puissance de lancers 10/40 gr, soit une H.
- Pour animer les leurres de surface et subsurface, préférez une 15lbs à 20lbs à l’action fast de 1m80 à 2m10 (7/28gr), soit une MH.
LES MOULINETS
Considérant les leurres à hélices il faut un ratio de 7.1 minimum, le confort idéal commençant à 8.1. Pour les autres leurres, il faut dire que le peacock bass préfère la plupart du temps des animations rapides. J’ai donc tendance à dire que le ratio 8.1 est une bonne base, d’autant qu’il faudra rapidement contrer l’orientation de la tête du molosse cherchant à regagner sa tanière. Les moulinets doivent contenir une centaine de mètres de tresse (50lbs), donc de taille 150 à 200 (curado, tatula…) pour les castings et 2500 ou 3000 pour les spinnings.
LA TRESSE
Quelles que soient les marques, la résistance de base est 50lbs (on peut monter à 60lbs ou plus selon les leurres utilisés) . Préférez des multi filaments en 8 brins pour la précision et la distance des lancers. Ne cherchez pas à faire des économies sur cet équipement car il en va de la réussite de votre voyage.
Les guides de pêche expérimentés qui travaillent dans les pousadas ou sur les bateaux hôtels, sont des alliés précieux pour trouver les meilleurs spots de pêche et offrir des conseils sur les meilleures techniques pour pêcher le peacock bass
LES LEADERS
En terme de fluorocarbones, optez pour des rigides, les souples ont tendance à s’effilocher plus facilement et à produire des torsades néfastes pour la nage des leurres. La nécessité d’un leader en fluoro rigide s’explique plus par sa résistance à l’abrasion des branches lorsque le peacock se réfugie dans sa cache, que par ses propriétés d’invisibilité… Là encore, la base est 50lbs, même si on peut monter à 60lbs pour plus de sécurité. Tout dépend de la taille du leurre utilisé ; la nage d’un leurre d’une dizaine de centimètres sera forcément altérée par un diamètre de fluoro trop important. Considérant la taille du leader, comptez entre 0.80m et 1m20 et pour le raccord préférez le nœud FG (pour la facilité de son passage dans les anneaux de la canne).
LES LEURRES
Tous les pêcheurs ont eu des expériences concluantes avec certains leurres, sortis aux bons moments, associés à la bonne luminosité, la bonne couleur de l’eau etc… Je parlerai ici des indispensables leurres à peacock, plus par types, que par modèles précis (enfin pas tout à fait… j’ai aussi mes incontournables).
- Le Yo-Zuri Hydro pencil en couleur bone ou marlboro. Se dressant tête hors de l’eau, il devra plonger et slider sous la surface dans un walking the dog puissant mais pas forcément rapide.
- Le Jumpin Minnow T20 de chez Rebel, également couleur bone, ou naturel lorsque les eaux sont plus claires. En walking the dog, ce leurre est un aimant à peacock.
- Les leurres à hélices, ou propbaits déclenchent les attaques les plus violentes étant entendu que le peacock bass se jette sur ces leurres très bruyants pour tuer et moins se nourrir, il ne fait alors pas dans la dentelle!
- Les leurres à bavettes sont également indispensables pour pouvoir prospecter la couche d’eau sous 0,40m à 1m mais aussi lorsqu’un peacock a suivi puis refusé de prendre en surface. D’où l’intérêt d’avoir une autre canne montée en permanence avec ce type de leurre. Le Yo-Zuri Christal 3D Minnow 13cm est un « must have » (en version Silver Black) tout comme l’Artist fr105.
- Le Bucktail jig est cette fameuse TP montée avec des poils de cervidés possédant parfois une touffe supplémentaire et un rattle. De nombreux guides brésiliens le considère comme le sauve bredouille. Monté en hameçon 6/0 renforcé, il peut également être constamment à portée de main.
- Des leurres brésiliens ont spécifiquement été imaginés pour le peacock bass. Parmi cette gamme on trouvera le Perversa de Borboleta ou le Biruta de chez Déconto. Des twich baits étonnants de par leur nage complètement erratique, versatile et inhabituelle pour les pêcheurs européens.
Cette sélection ne vise pas l’exhaustivité, et il serait inconvenant de partir pêcher le peacock sans mettre dans nos boîtes quelques spinnerbaits, chatterbaits, ainsi que des hameçons texans renforcés et des leurres souples etc…
Mes conseils de guide
Il n’y pas de meilleurs outils, il y a ceux avec lesquels le pêcheur est à l’aise. En spinning ou en casting j’opte clairement pour une canne de moins de 2m. Je préfère en effet une canne courte car son nerf permet de fouetter avec précision. C’est en effet le maître mot, car on peigne rarement de grande surface et les postes sont très souvent marqués. La canne devra aussi être légère et permettre au pêcheur endurant de multiplier les lancers sans se fatiguer (entre 800 et 1000 fois par jour).
La précision des lancers est primordiale, s’exercer dans son jardin n’a rien de ridicule, pour peu que l’on ait 15 à 20m de distance de lancer pour s’entraîner, tandis qu’apprendre sur le lieu de pêche est une perte de temps.
Le maniement des leurres à hélices peut paraître épuisant. Pour se fatiguer le moins possible il ne faut pas se servir que des bras au niveau de l’épaule, mais également casser le poignet pour s’économiser. Pêchez relâchés, ce qui limitera grandement la pointe dans le dos à la fin de plusieurs heures d’hélice. L’autre astuce, est efficace sur des poissons plus éduqués. Après avoir effectué la tirée, pensez à redonner la main vers le leurre et ainsi limiter les bruits parasites de l’hélice qui continue à tourner doucement pendant la récupération du fil au moulinet. Les peacocks que l’on souhaite sortir de la forêt se méfie de ce Plop-plop qui alterne avec le bruit sourd et magique du leurre à hélice résonnant dans la forêt. Enfin un travail en binôme est souvent payant : un pêcheur à l’avant du bateau qui « réveille » l’instinct de prédateur du peacock en animant le leurre à hélices, ensuite le second pêcheur travaillant dans son sillage, dans la couche d’eau, au moyen d’un leurre à bavette, d’un twichbait (perversa…) ou d’un bucktail jig. Ceci permettra de finaliser un poisson venu suivre le propbait sans l’attaquer réellement.
Le Jumpin Minnow T20 est encore plus efficace lorsqu’il est plongé sous l’eau d’un coup sec du scion et qu’ensuite vous le faites louvoyer sur 1m50 à 2m ; marquez une pause, le leurre retourne en surface position tête en haut, et là, coup de scion à nouveau pour repartir sous l’eau, louvoiement etc…
L’importance du leader s’explique comme vu précédemment par sa résistance à l’abrasion. Mais j’ai encore l’image en tête d’un beau peacock reparti dans son amas de branche, leurre texan en gueule et qui a réussi à effilocher mon fluoro de 50lbs car j’ai cru pouvoir arrêter son rush. Dans ce cas, laissez le filer! Si le peacock a bien engamé le leurre, faites confiance au guide qui se servira de la tresse comme d’un fil d’Ariane pour parvenir jusqu’au poisson. Vous aurez plus de chance en procédant ainsi, rien ne sert de tirer comme un sourd, c’est le clash assuré!